Présentation
Al dente !
C’est avec ce cri, lequel balance entre l’invective guerrière et l’exhortation à un prompt ralliement, qu’il m’arrive d’apostropher les deux ou trois convives qui, venus partager la pâte et le vin en ma tanière, se prélassent de discussions oiseuses en algarades apéritives, sirotant l’un le détestable whisky du poète un peu snob, l’autre un quelconque porto, le troisième enfin, à l’écart des débats, la dose réglementaire du pastis des familles qu’une larme d’orgeat fait accéder au statut exotique, vaguement trouble à l’évidence, de mauresque. On l’a deviné, tout à mes occupations de maître-queux, relégué dans l’antre d’une cuisine dont au demeurant j’interdis l’accès, surveillant la cuisson des spaghetti, le mijotage de la sauce (...), mobilisé par ma tâche et monopolisant le privilège d’en cours d’élaboration goûter l’affriolante décoction du Grand Œuvre, je ne pers pas le nord pour autant et participe en solitaire aux réjouissances générales, un verre à portée de main, où la robe jaune de cette satanée mauresque virevolte et m’aguiche.