Présentation
Il y a quelque chose des haïkus dans les premiers poèmes de ce recueil : une sagesse humble s’y murmure où l’homme n’est souvent qu’un fétu de paille face au monde. C’est dit sans pathos, sans grandiloquence, mais avec cet art poétique qui donne à quelques vers une ouverture immense :
« Sur la route de la montagne, /
Je n’accompagne personne. /
Personne ne m’accompagne, /
Seul un cœur immense résonne. »
L’humilité permet aussi une douce auto-ironie qui fait sourire, attendrit parfois. Les poèmes questionnent de petits moments suspendus par l’acuité d’un regard qui joue du vide à quoi, peut-être, se résumerait l’existence. Puis, les poèmes s’élargissent, prennent, non de l’ampleur, mais un peu plus de place, prennent leur temps, comme si l’apaisement était fruit de la lucidité : « Chaque jour qui passe / est un malentendu qui se dissipe. » L’observation, la flânerie se mêlent à la réflexion morale sans pour autant que le noir de l’encre ne pèse sur la page. C’est toujours au plus près de l’évanescence que s’écrivent ces poèmes du doute. Dans cette incrédulité qui pourtant fait écrire en « Dansant ainsi sur l’obstacle ».
On peut lire les poèmes de Christian Arthaud comme en une gymnastique quotidienne : quelques vers à l’aube qui traceront toute la journée leurs chemins en nous. Comme si Encre était le viatique du présent.