Présentation
Une plage déserte du nord de l’Europe. Un homme et une femme vont connaître le choc de la rencontre, ce mélange de leurs êtres dans ce qu’ils ont de plus inavouable. Ils vont atteindre leur vide central, éprouver le secret toujours inviolé, toujours intact, qui se love au cœur de la confrontation des désirs. Peut-on s’atteindre soi, atteindre l’autre ? Et cet autre n’est-il pas l’autre de nous-même, fut-il de l’autre sexe ? Eros, qui mélange et réunit les êtres, charrie en lui la violence muette sans laquelle aucune ouverture à soi ou à autrui ne peut opérer. Nécessaire effraction. Criminelle vérité. La jouissance, ce bien non monnayable, aux renchérissements toujours accrus, est le masque érotique de la mort et celui, thanatique alors, de la vie. Elle a cependant son éthique : elle ne ment pas, ni ne s’achète. Depuis toujours les hommes savent qu’elle dit la vérité sur eux. Mais quand ils l’entendent, ils refusent de s’y reconnaître. Avec cette fiction que nous donne Hauc, la littérature cesse d’être un divertissement : elle nous conduit au cœur de cet obscur démon qu’est en nous le réel du désir, ce scandale.
– Philippe Lekeuche, « Dans la rencontre, un meurtre » (extrait) in Le Mensuel, 1991.