Présentation
Dans son Journal de l’homme arrêté, Jean-Claude Hauc met en scène un homme d’une quarantaine d’années, vaguement prof de lettres et obstinément écrivain, gourmand de femmes et de séduction, venu passer quelques jours de repos dans la vieille maison familiale du midi de la France [...]. Et puis, sortent d’une malle le livret militaire, quelques photos jaunies et une carte postale du grand-oncle Hector mort à 20 ans, pendant la Grande Guerre, là-bas en Serbie. C’est à ce moment-là que le récit prend sa force et sa beauté, matériellement aussi, puisque le livre, composé et mis en pages avec bonheur, s’orne de fragments de la carte postale et des photos de l’oncle Hector. Agrémenté de jambes d’athlètes en pleine course. Parce que, en plus, Hector était champion de course à pied [...]. En quelques enjambées l’oncle, coureur de demi-fond, a rattrapé le neveu, coureur de jupons. Même allure, même style. Pourtant Hector n’a pas couru assez vite. Il venait de ramasser un camarade blessé : « A cet âge, on s’imagine facilement pouvoir devenir un héros. On porte les autres sur son dos ». Mais, par fiction interposée, il ramène son neveu dans la vraie vie.
– Jean Debernard, « Le courrier du coureur » (extrait) in Midi Libre, 1992.