Présentation
C’est à une poésie de l’arrachement que donne souffle L’Insu. Les vers, rares, griffent de leurs traces la surface plane de la page. Dans la déchirure qu’ils font, s’ouvre au creux du silence une expérience intime proche de la métaphysique. Celui dont on parle et qui parle aussi peut-être doit se sortir d’une glaciation des souvenirs, des pensées, de l’être : « l’esprit bloqué à l’indicatif passé, dans un labyrinthe de saisons froides, de sang caillé, de rétractions implacables ». La prose ici, vient soumettre les mots du poème à son impérieuse nécessité. On comprend alors que les vers se sont raréfiés comme l’air des profondeurs ou de l’altitude. Nommer, c’est respirer, difficilement, mais respirer encore et donner alors toutes ses chances à une vie où l’exaltation serait possible « jusqu’aux fastes de l’air. »
Face à cette poésie retenue, les encres de Jacques Vimard déploient leurs tensions dans une géographie de noirs et blancs qui sollicitent autant la contemplation que l’introspection. Et le livre alors offre plus d’un voyage intérieur à son lecteur.