Vladivostok, aller simple
Michaël Glück

publication 1993
16,00  (15,17  HT)

Vladivostok, aller simple, Michaël Glück, récits ferroviaires, coll. L'Ostiaque, 14x21 cm, 160 p., 1993, ISBN : 2.905910.38.0

Présentation

Un mot, rien qu’un mot, mécanique à deux temps, suffit à infléchir l’obstination sédentaire. Partir-partir, Vladi-Vostok. Partir-partir, Vladi-Vostok. Un réseau miniature est installé sur la grande table familiale de la salle à manger. L’enfant trépigne. Papa, dis Papa, comment faut parler quand le train va s’arrêter. Mesdames, Messieurs. Dans quelques instants nous arriverons en gare du Bout-du-monde. Le Bout-du-monde terminus. Tout le monde descend. Correspondances à destination d’Ailleurs et de Nullepart, annoncées pour bientôt et plus tard, quai numéro 2, voies A et B ; quia numéro 2, voies A et B. Ce que tu dis n’a pas d’importance ; c’est la manière qui compte, la musique. En fait les gens ne t’écoutent pas. Ils te redemanderont : le train pour Ailleurs, quel quai ? Dis Papa, le train pour Nullepart, pourquoi il a déraillé ? Vladi-Vostok, Vladi-Vostok. On avait écrit ce mot en caractères cyrilliques au fronton de la petite gare d’allumettes. De l’autre côté, soit à 2 m 50, diamètre de la table, il y avait une Tour Eiffel pour signaler Paris. On aurait pu choisir Zagreb ou Beograd et Notre-Dame-de-la-Garde ; ça ressemblait trop à ce qu’on connaissait. Attention ! Mesdames les voyageuses, mon Papa va contrôler les billets. Remettez du rouge à vos sourires. Vladi-Vostok, Vladi-Vostok. Valence, Valence, deux minutes d’arrêt... Papa, je pourrais partir, un jour, avec toi ?

Extrait

Les trains de l’enfance se sont évanouis dans les tunnels. Les scories brasillantes s’éteignent dans l’imaginaire des forges et des tuyères pour céder la place aux petits éclairs qui courent le long de la caténaire. Vulcain s’assoupit pendant la danse des électrons. Les demi-dieux à gueules noires se sot débarbouillées ; la Bête humaine est morte. Le Voyageur a fermé les paupières pour s’attarder sur des paysages obsolètes. Le monologue intérieur a fait naufrage. Il dort. L’homme en uniforme a cogné brusquement sa pince contre l’armature métallique du siège. L’autre s’est réveillé en sursaut. Il a vu la casquette qui battait pavillons britannique et italien. Contrôle des billets !

Votre panier

Votre COMPTE

Non connecté

« L’aube était là lorsqu’ils sortirent de la ville. C’était le moment des tristes couleurs dans le ciel. »
Hubert Mingarelli
La Source

L’auteur

La Collection

Chants de la tombée des jours Où qu’on va après ? Le Taureau, la rose, un poème Le Réel La Langue et ses monstres Autobiographie d’un autre Fragments du solstice Solaire Chroniques d’un promeneur assis Tacatam Blues Un oursin Pour apprendre la paix à nos enfants Stabat Mater Fin’ Amor Chambre de feuilles La Momie de Roland Barthes Couleur jardin Les Montagnes du soir La Ville est mosaïque Insensément ton corps Goutte d’eau Quatre écoutes du tonnerre La Langue au chat Triptike Chair de Sienne Petites proses voyageuses Le Vingt-deux octobre Le Congrès d’automne L’Ombre nue Ciel inversé 2