Présentation
D’un voyage au pays Dogon, au Mali, le peintre Jean-Gilles Badaire a ramené ces instantanés, texte et encres, qui relatent une expérience radicale. C’est la chaleur, la fatigue, l’assèchement qu’on ressent à lire ce court carnet de voyage qui va à l’essentiel : quelques notes ciselées pour dire la sensation d’être au bord de mourir. « L’air est si dru, qu’un geste pourrait s’y appuyer » et le peintre excelle à faire sentir cela même qu’on ne peut imaginer. En face du texte, dont on ressent le combat face à l’âpreté de la soif, les images émargent au registre du carnet : rustiques, les dessins accueillent en eux des textes manuscrits comme pour montrer la matière originelle dont ils procèdent, texte ou dessin, le même noir qui leur donne vie. Au bout de la longue marche, la pluie vient donner au décor une apothéose quasiment biblique. Avant cela, comme pour mieux perdre l’œil du peintre, « la couleur uniforme du sol et du ciel transforme jusqu’à la moindre pensée. » On peut donc se perdre en ces pages ou retrouver peut-être une terre dont la fréquentation est à elle seule une aventure.