Présentation
Le narrateur de ce très court roman vient de perdre sa femme, Béatrice, universitaire victime d’une rupture d’anévrisme en plein cours. Écrivain que cette disparition empêche d’écrire, il tient donc une sorte de journal du deuil. Un deuil qu’il porte avec un détachement qu’il serait simple d’attribuer à son libertinage. Notre homme, en effet, collectionne les corps jeunes de ses élèves et affine l’expérience amoureuse de ses amies qui ne se refusent pas à lui.
Ce libertinage amoureux, cultivé avec art, ne l’empêchait pas d’aimer pourtant Béatrice. En rangeant les affaires de sa femme, il découvre quelques lettres intimes et des photos très érotiques. Béatrice avait un amant : un de ses élèves avec lequel elle apparaît épanouie : « c’est cette plénitude qui fascine et fait mal à la fois. » Plus intrigué que meurtri de cette découverte, notre homme va tâcher de comprendre comment celle qu’il pensait connaître a pu nouer une telle relation. Conscient d’être lui-même incapable d’aimer, il trouve dans la révélation de cette infidélité ultime son credo d’écrivain : « Il m’est impossible de me mettre dans la peau de mes contemporains qui continuent de penser que les hommes et les femmes sont faits pour vivre ensemble. » Le journal se fait alors l’exploration de « l’indifférent » qu’il est et qui danse « avec légèreté au-dessus du gouffre béant sous nos pieds. »