Présentation
La littérature n’est pas - comme on veut souvent le faire croire - une vraie copie du réel mais un engendrement infini de l’écriture par l’écriture, des livres par les livres.
Certes Woyzeck a existé, éphémère héros d’un fait divers, pendu puis oublié ; mais c’est l’écriture de Büchner qui l’a véritablement créé - ne gardant du réel qu’un mince résidu - pour le condamner à une mort répétitive sans oubli.
Et voici qu’il renaît encore, dans ce texte bref, faute de mieux baptisé roman, comme si, transformé en obsession, et pour l’exorciser, il devait redevenir écriture, se muer en ce nouveau personnage, toujours lui pourtant, ce masque, derrière lequel l’auteur dissimule une partie de sa biographie mentale, c’est-à-dire non pas des petits faits datés - sans intérêt - mais ces obsessions qui structurent et empoisonnent une vie, et autour desquelles, comme autant de métaphores, on élabore des livres.