Présentation
Ce livre de Philippe Lekeuche, qu’il faut découvrir, s’avère aussi étonnant que Le Chant du destin et Quatre écoutes du tonnerre (...). Du premier, Jacques de Decker vantait « la compacité de ces lingots de poésie ». Et la folie du réel qui s’y noue et que le verbe retaille comme à coups de hache. Dans le livre qui a suivi, en 1990, pas une page qui ne demeure hantée, et traversée de ces éclairs que la dérision arrache à la vérité.
Le livre qui paraît aujourd’hui s’intitule L’Existence poétique. Comment être au plus près de soi, dès lors que l’on avoue « Je suis là où je ne m’attends pas » ? Et qu’il faut « Essayer l’erreur, la trahison/De ce que je suis et qui m’encombre » ? Partout le verbe se retourne et taille, au cœur de la plaie - apollinarienne ? - du « voyou métaphysique ».
Mais il y a surtout du Villon chez Philippe Lekeuche - je veux dire dans son arbre généalogique. Dans son lyrisme limpide, cruel et cassé, si volontiers testamentaire ; dans cette manière de s’admonester, de se pousser à bout de faux-fuyant ; de croire encore qu’il faut survivre « parmi les loups et les tanks », parmi les « anges » aussi. Même « aboutissant à l’inabouti ». En bref, une voix qu’on ne saurait plus ne pas écouter.
– par Claude Michel Cluny, Lire, novembre 1995